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2013
PAPA S'EN VA EN GUERRE
Documentaire

RESUME


 


Pendant un an le réalisateur Géraud Burin des Roziers a accompagné avec sa caméra des enfants qui voient leur père partir en Afghanistan. Ancien soldat, puis reporter de guerre, il fait entendre la voix de ceux qui ne s’expriment jamais.


 


Il y a Bastien 12 ans qui considère son père comme un héros mais qui ne supporte plus ces missions à risques.


Lucas, Enzo et la petite Lili qui vivent cette séparation comme un arrachement.


Il y a Morgane 13 ans et Lune Eva 9 ans obligées de se résigner, parce que leur père a signé pour la mission. Le reverront-ils vivant ?


Qu’est-ce que ces enfants ont vraiment sur le cœur ? Quelle image ont-ils de leur père ? Quelles sont leurs inquiétudes, leurs angoisses ? Des enfants qui pendant 6 mois, essayent d’être à la hauteur des recommandations de leur père, c’est à dire des modèles pour leur maman et qui n’osent raconter à personne la souffrance qu’ils endurent sauf dans la cour d’école avec les copains.


Ces deux dernières années en Afghanistan ont été particulièrement meurtrières : 21 jeunes veuves, 43 orphelins dont 3 bébés nés après la mort de leur père.


 


Le réalisateur est allé à la rencontre de jeunes pupilles de la Nation. Il y a Aymeric, 9 ans et Camille, 12 ans à qui un jour on est venu dire des mots terribles. Leur papa, infirmier militaire, est mort au combat dans une attaque contre les talibans. Il est mort en héros. "Lui qui aurait tant mérité de connaître ses enfants' nous dit Delphine, leur maman.


Et puis il y a Alice, jeune veuve, qui élève seule ses 5 enfants et qui fait tout pour entretenir le souvenir de Matthieu son mari, tué à bord de son d’hélicoptère il y a un an, lui aussi mort pour la France. 'J’aurai préféré le garder avec moi, plutôt qu’il soit mort pour la France', raconte Jeanne, 12 ans, qui dit aussi la fierté qu’elle éprouve pour son père.


Aucun soldat ne revient indemne d’Afghanistan. les IED, les engins explosifs, les attentas suicides, les embuscades, laissent des traumatismes. Après six mois, certains enfants retrouvent leur père. Mais qui est-il à présent ? Réussira-t-il à réintégrer sa famille et abandonner ses réflexes de soldat, pour redevenir papa ?


Le réalisateur est retourné dans les familles 4 mois après leur retour de la guerre. Certains papas ont des choses à se faire pardonner.


 


NOTE D'INTENTION


 


"Avant d’être réalisateur, j’ai été soldat. Officier de chasseurs alpins pendant plus de 20 ans. C’est à la veille d’un départ en Afghanistan, où je partais à nouveau plusieurs mois pour couvrir la guerre aux côté des soldats français, que l’ainé de mes quatre enfants, tout juste 20 ans, m’a craché le morceau : "Toi qui a toujours rêvé de mourir pour ton pays, vas-y donc !"



 



J’ai compris que depuis sa naissance il m’avait souvent vu partir pour des pays en guerre, avec à chaque fois la peur que je ne revienne pas. Mais pendant toutes ces années, mon fils n’avait rien osé dire, sans doute pour me protéger. Cette



souffrance m’a interrogé, et a été le point de départ de ce film.



 



On a beaucoup montré la guerre menée par les soldats français, avec plus ou moins d’implication de la part des journalistes : la soudaineté et la brutalité d’un accrochage, le fracas des combats, le brouillard de la guerre, la violence psychologique, la solitude et l’angoisse du soldat, la fraternité d’armes… On les a évoqués. Mais qui a parlé des enfants de soldats ?



 



J’ai choisi de raconter cette guerre en me situant cette fois du côté des familles restées en France. Des épouses tiraillées, souvent exemplaires et des enfants à qui elles n’osent rien raconter pour les épargner.



Les enfants n’ont pas choisit cette vie. Ils préféreraient peut-être que leur père exerce un autre métier. Cela les rassurerait sans doute, même s’ils le considèrent comme un super héros. Mais chaque jour, ils tremblent de peur à l’idée de ne plus le revoir.



 



Comment un enfant peut-il entendre son père raconter avoir conscience que là où il part, il n’est pas persuadé de revenir ? Prêt à mourir pour son pays ? La Nation serait-elle d’un plus grand amour ? Un choix difficile à comprendre pour un enfant.



Aucune unité ne revient d’Afghanistan sans morts ni blessés graves. En Afghanistan le danger est permanent. Cette guerre n’épargne personne, sans distinction d’âges, ni de grades. 88 militaires français sont morts en Afghanistan depuis le début du déploiement de la force multinationale, fin 2001.



 



Les enfants ne s’habituent pas à ces drames. En revanche ils me paraissent exemplaires de dignité et de courage. J’ai voulu à travers ce documentaire leur rendre hommage et raconter ce qu’ils avaient sur le cœur. Leur donner la parole, eux qui d’habitude ne s’expriment pas et préfèrent rester dans le silence.



Comment ces enfants vivent-ils les derniers moments en famille ? Comment vont-ils garder le lien avec leur père pendant six mois ? J’ai voulu aussi aller dans les cours d’écoles, pour entendre le questionnement des autres enfants. Un des seuls endroits où la parole se libère, sans peur de la réaction des adultes.



 



J’ai aussi voulu rencontrer les familles des soldats "Morts pour la France". Thibault Miloche, infirmier major, était un soldat extraordinaire, j’ai compris quel papa d’exception il était aussi pour ses enfants. J’étais en Afghanistan lorsqu’il a été tué par les talibans lors d’une attaque à la roquette sur la position qu’il tenait avec sa section dans la montagne. Deux ans plus tard, j’ai rencontré Delphine sa femme et ses enfants Camille et Aymeric, eux aussi formidables.



J’ai aussi rencontré les 5 enfants et la femme de Matthieu Gaudin, capitaine qui s’est crashé à bord de son hélico en Afghanistan un an plus tôt. Le petit Louis est né 4 mois après la mort de son père. J’ai voulu montrer la maturité avec laquelle Jeanne, sa grande sœur de 12 ans prend aujourd’hui le relais de sa mère. Je voulais savoir comment tous ces enfants avaient réagit au moment de la mort de leur père ? Qu’est ce qu’ils pensaient de l’engagement de leur père, sacrifié pour la Nation ? Arrivaient-ils à en parler aux copains ? Comment voient-ils leur avenir ?



 



Ils ont accepté que je les filme parce que j’allais parler de leur papa, parler de leur lien intime, et parfois aussi douloureux. Une manière aussi de prolonger le souvenir. Comme le dit Camille : "Aujourd’hui je dois continuer à vivre, parce que c’est ce qu’il aurait voulu. Vivre c’est le prolonger vivant !".



 



Je sais aujourd’hui que quand un soldat signe pour la mission, il ne s’engage pas seul, et que son sacrifice est celui de tous les siens. Cela méritait bien un film."



 



Géraud BURIN DES ROZIER


 


Diffusion le 5 février 2013 à 22H45 sur France 2


Plus d'infos sur le site de FRANCE 2.