Bandes originales
De 1993 à 1995, François Mitterrand, président de la République, et Edouard Balladur, Premier ministre, ont dû cohabiter à la tête de l’Etat. Ce dernier a publié un récit de leurs conversations privées au cours de cette période exceptionnelle. Ce docu-fiction en est la mise en images et dévoile la complexité d’une relation dominée par le partage du pouvoir.
Le 28 mars 1993, la gauche connaît aux législatives sa plus lourde défaite politique depuis longtemps. François Mitterrand se voit contraint de nommer un Premier ministre issu de la nouvelle majorité. Ce sera Edouard Balladur, avec la bénédiction de Jacques Chirac, qui ne veut plus renouveler l’expérience. Une nouvelle cohabitation commence : pendant deux ans, les deux hommes vont entretenir une relation complexe où la méfiance, les arrière-pensées, les pièges affleurent à la surface de chaque propos, tandis qu’ils sont plongés au cœur des événements majeurs qui secouent la France. « La cohabitation, c’est l’institutionnalisation au sommet de l’Etat de la lutte pour le pouvoir », résume le journaliste Jean-Marie Colombani. Outre les images d’archives et les témoignages de nombreux intervenants, ce film met en scène les deux personnages sous les traits des comédiens Didier Bezace, qui incarne Edouard Balladur, et Laurent Claret, dans le rôle de François Mitterrand. Les conversations des deux hommes sont tirées de l’ouvrage éponyme de l’ancien Premier ministre, qui témoigne également dans ce docu-fiction.
Ne rien lâcher, ne pas s’en voir imposer
« François Mitterrand était considérablement diminué, se souvient Jean-Michel Apathie. Il lui restait tout de même de manière très vive l’instinct politique… »
© Endemol Fiction
La chronologie suit celle de cette cohabitation agitée qui fut marquée par des étapes clés : l’emprunt d’Etat lancé par Balladur dès son arrivée au pouvoir, la question de la reprise des essais nucléaires, la rumeur de la candidature du Premier ministre à la présidentielle, le projet contesté du Contrat d’insertion professionnelle (CIP), l’affaire des écoutes de l’Elysée, l’engagement de la France au Rwanda, la place croissante de Balladur dans la politique étrangère avec la prise d’otages des passagers du vol Air France 8969 à Alger, l’annonce de sa candidature à la présidentielle, l’affaire Schuller-Maréchal… Mais, pour Jean-Marie Colombani, « la question centrale de la cohabitation en 93-95, c’est la santé du président ». Car, en 1993, le cancer de François Mitterrand, qui n’a été rendu public que peu de temps auparavant, le ronge douloureusement. « François Mitterrand était considérablement diminué, se souvient Jean-Michel Apathie. Il lui restait tout de même de manière très vive l’instinct politique : ne pas se laisser faire, ne rien lâcher, dès qu’il y avait une faiblesse chez l’adversaire, l’utiliser… Edouard Balladur n’a pas eu la partie facile. » Aujourd’hui, lorsque celui-ci évoque l’ancien leader socialiste et son adversaire politique, il le fait avec la sobriété qui le caractérise : « M. Mitterrand ne reculait pas toujours devant une certaine acidité dans le propos. Il avait de l’esprit aussi, ce qui était assez amusant… C’était un homme qui avait beaucoup d’habileté, qui avait le goût de surprendre et le goût de s’imposer. Et j’entendais ne pas être surpris et ne pas m’en voir imposer. »
Anne-Laure Fournier (site FRANCE 5)
LE POUVOIR NE SE PARTAGE PAS
Documentaire-fiction (90')
Réalisation: Jérôme Korkikian
Production: ENDEMOL
Avec: Didier Bezace et Laurent Claret
Diffusion sur FRANCE 5 le 20 mai 2013